Events 2024

Le Procès

0
nov. 20
Conférence

Sous l'égide du Concept LC2.0

1
maintenu

Lieu
Jardin de la Villa
Villa « Le Lac » Le Corbusier
Route de Lavaux 21
CH–1802 Corseaux

Date
Mercredi 20 novembre 2024 à 14h00
​​​​​​​
​​​​​​​Météo
Reporté en cas de pluie. 

Informations complémentaires
Le procès se poursuivra en fonction des chefs d'accusation au-delà de 2025.

Le temps d'une journée, la Villa « Le Lac » devient tribunal. Le procès du 20 novembre vise à mettre en lumière les pratiques de certains auteurs, la complicité de leurs éditeurs et les conséquences qu'ont pu avoir leurs publications sur le monde réel. L'on verra que la place de nombreux plumitifs est derrière les barreaux. 

La recherche historique se doit d'être traitée comme une science exacte, de façon méthodique et dépassionnée. Envisager le contraire reviendrait à sombrer dans les tréfonds du relativisme. 

Article de Patrick Moser paru dans 24 heures le 10 mai 2019

« Avez-vous déjà vu une maison construite par un historien? C'est plutôt bancal – et c'est normal: l'architecture est un métier. La réciproque est vraie: l'histoire est un métier. Et l'histoire écrite par des architectes ne tient pas toujours debout. L'improvisation dans ce domaine n'est pas souhaitable: elle induit l'approximation, et l'approximation est dommageable puisqu'elle fausse la réalité. Le colloque organisé au Centre Pompidou en novembre 2016 l'a démontré. C'était l'occasion, pour de vrais historiens, d'étudier la position de Le Corbusier durant les années 30 et la Seconde Guerre mondiale. Pour faire court: les soi-disant accointances fascistes et antisémites de Le Corbusier ne résistent pas à une analyse historique sérieuse.​​​​​​​
L'histoire est une discipline exigeante qui requiert méthode, rigueur et intégrité – ce dont les auteurs des pamphlets parus en 2015 se sont révélés incapables. Un historien interroge les sources, il contextualise. Cela revient à se demander: qui écrit? À qui écrit-il? Dans quel but écrit-il ce qu'il écrit? Enfin, l'historien sait ce qu'ignore l'architecte: ce n'est pas parce que c'est écrit que c'est vrai.
Voilà une information qu'il aurait été bon de connaître avant d'entreprendre une tentative de déconstruction de Le Corbusier. Car l'écriture, chez Le Corbusier, est souvent hyperboloïde et outrepassée. Elle n'est pas un miroir du réel, mais un moyen pour atteindre un but: convaincre, obtenir un mandat, réaliser un projet, construire.
Le confort de l'approximation permet aux «historiectes» et autres pamphlétaires d'omettre de mentionner les nombreuses figures humanistes dans l'entourage de Le Corbusier: Jean Cassou, Jean Lurçat ou encore Romain Rolland. Les «historiectes» ne veulent pas entendre que les amis «fascistes» de Le Corbusier deviendront dans les années 40 les plus grands résistants, et ils ferment les yeux sur la correspondance de Le Corbusier à sa famille pour ne pas devoir lire des mots tels que: «Cet atroce Hitler…» ou «Le peuple allemand est stupéfiant de s'être donné un tel maître». D'ailleurs, les «historiectes» s'en vont lorsqu'on leur dit que Le Corbusier a accueilli des confrères juifs dans son atelier (Shlomo Bernstein et Sam Barkai), que nombre de ses clients sont juifs (Schwob, Stein, Lipchitz, Ditisheim), que plusieurs de ses collaborateurs sont juifs et qu'il a lié de solides amitiés avec des juifs (Jean Badovici, Lucien Hervé, Lucien Schwob, Marcel Levaillant).
Dès lors, une «historiectomie» s'impose: l'entre-deux-guerres est une période bien trop complexe pour qu'on la laisse aux mains d'amateurs. Il faut, au contraire, toute la science et la finesse d'analyse d'historiens chevronnés pour parvenir à esquisser un portrait quelque peu ressemblant de la réalité de cette époque. Arracher des propos à leur contexte dans une volonté de nuire constitue un délit. Si Le Corbusier était vivant, il intenterait un procès en diffamation – et il le gagnerait.»  

Patrick Moser, 10 mai 2019

​​​​​​​
Pour aller plus loin, nous recommandons l'excellent ouvrage publié chez Tallandier sous la direction de Rémi Baudouï : Le Corbusier 1930-2020 – Polémiques, mémoire et histoire.

​​​​​​​4e de couverture
​​​​​​​
Le Corbusier (1887-1965) est l'un des plus grands architectes du 20e siècle connu entre autres pour la conception de la Cité radieuse de Marseille. Il est aussi plasticien, urbaniste, et designer. Mais au fil des ans et des publications, on le qualifie régulièrement de réactionnaire, de vichyste, de bolchevique voire d'antisémite.

En 2015, la grande exposition Le Corbusier organisée au centre Pompidou cinquante ans après le décès de l'architecte à Roquebrune-Cap-Martin relance une vive polémique. Ses détracteurs accusent l'architecte de la modernité d'avoir été fasciste et d'avoir cherché à travailler pour le gouvernement de Vichy.

Pour y voir clair, la Fondation Le Corbusier et le centre Georges-Pompidou ont demandé à d'éminents spécialistes, historiens de l'architecture contemporaine, philosophes et spécialistes des années 1930 et 1940 de restituer l'itinéraire et la pensée de cet architecte sans égal qui a répondu aux demandes de son temps. Voici le fruit de ces analyses qui permettent de montrer toutes les facettes de la personnalité de Le Corbusier sans rien cacher ni dissimuler.

Rémi Baudoui, historien et politiste, est professeur ordinaire à l'Université de Genève. Il travaille depuis plus de vingt ans sur Le Corbusier et son œuvre.

LES AUTEURS

Rémi Baudoui - Dominique Barjot - Serge Berstein - Veronique Boone
Olivier Cinqualbre - Jean-Louis Cohen - Arnaud Dercelles - Marie-Jeanne Dumont  
Tzafrir Fainholtz - Benoît Goetz - Jean-Noël Jeanneney - Mickaël Labbé
​​​​​​​Mary McLeod - Antoine Picon - Josep Quetglas - Danièle Voldman
​​​​​​​François Warin

Article 24 heures

Photos © FLC/ProLitteris